Résilience, sophrologie et yoga

Mila RIVAULT




La résilience, “c’est construire sur ses propres ruines”, affirme Boris Cyrulnik. Quand tout semble terminé, désespéré, c’est la capacité à faire face aux difficultés, aux obstacles et aux situations stressantes de la vie et à se rétablir après avoir subi un traumatisme ou une crise.

Selon ce neuropsychiatre et auteur de nombreux livres sur le sujet, la résilience implique de “comprendre que l'on peut être blessé, mais que l'on n'est pas brisé, que l'on peut être abattu, mais que l'on peut toujours se relever.”

La bonne nouvelle, c’est qu’il est toujours possible de se relever… La résilience n’est en rien innée. Elle peut se développer au fil du temps. Une des caractéristiques clés des personnes les plus résilientes est l’optimisme et la pensée positive. Les plus résilients sont capables de transformer leur drame en une opportunité presque “merveilleuse”. Leur côté pro-actif les mène à chercher des solutions plutôt que de rester engluée dans le problème.

A mon sens, une des étapes les plus décisives pour se relever est la capacité à réguler ses émotions. Une part de l’intelligence émotionnelle est innée… Certains, de toute évidence, excellent pour comprendre leurs propres émotions, les gérer, mais également percevoir et cerner celles des autres et communiquer avec dextérité en fonction de ces différents paramètres. Mais, l'intelligence émotionnelle, tout comme la résilience, peut également se développer en suivant une thérapie ou bien en s'adonnant à la sophrologie ou au yoga, encore mieux aux deux.
Ce qui est compliqué avec les émotions, c’est leur complexité. Certains modèles de classification affirment qu’il existe en tout entre 6 à 10 émotions de base : cela inclut la joie, la tristesse, la colère, la peur, le dégoût, la surprise, la confiance, l'amour, la honte, la culpabilité, l'envie, la jalousie, etc. Mais d’autres modèles, plus récents, proposent une plus grande diversité, allant jusqu'à plusieurs centaines d’émotions.
Encore plus complexe, c’est le côté subjectif de l’émotion, car, selon les individus, les cultures et le contexte, elles peuvent être vécues différemment. De plus, elles peuvent se mélanger, se transformer ou s'exprimer différemment d'une personne à l'autre.
La sophrologie nous aide à mieux comprendre les émotions et à renforcer une attitude positive dans la vie. Sa grande force réside dans le fait qu’elle nous éduque à rester connecté au corps et à observer les phénomènes qui le traversent… dont l’émotion bien sûr… Souvent, elle nous enseigne à souffler sur les émotions difficiles… pour s’en libérer. Souffler l'émotion est bien évidemment efficace pour l’apaiser. Une partie de nous reconnaît sa présence. Et le geste physique donne le sentiment de sortir de l’impuissance, dans des moments où l’on peut se sentir submergé. Cela désamorce... ce qui doit l'être. 

Pratipaksa Bhavana, kesako ?

Dans le deuxième chapître des yogas sutras, Patanjali, le père fondateur du raja yoga (l’étude du mental) évoque le principe de Pratipaksa (opposé en sanskrit) Bhavana (cultiver, développer). Pratipaksa Bhavana consiste donc, quand tout n’est que ruine autour de nous, à cultiver des pensées opposées pour surmonter les pensées difficiles et les émotions qui nous perturbent.Nous sommes d’accord : la résilience, ce n’est pas tourné le dos à la difficulté, ni se concentrer sur la joie quand la colère se prononce. Quand la colère se présente chez nous, si nous lui refermons la porte au nez immédiatement en se tournant vers dame joie, madame Colère reviendra le lendemain, et le surlendemain, et jusqu’à ce qu’on l’écoute et elle criera de plus en plus fort, jusqu'à hurler pour se faire entendre. Ainsi se comporte la colère et ainsi agissent toutes les émotions. Elles ne renoncent jamais à leur rôle : délivrer un message.
En quoi alors, peut aider Pratipaksa Bhavana ? Et bien, il ne s’agit en rien de remplacer une émotion par une autre… Mais plutôt, d’accueillir l’une, écouter son message et savoir que son opposé existe également, mais surtout que l’on y a accès à volonté. En fait, il s’agit d’écouter les deux alternativement de façon rapprochée.
Ainsi quand la colère pointera son nez la fois suivante, peut-être qu’elle nous semblera plus familière et plus aimable et que nous l'écouterons davantage et cela de façon adaptée et sans stress aucun ! Pratipaksa bhavana agit donc un peu comme un désensibilisant. Si une émotion est comprise, alors, les risques de réagir de façon inappropriée diminuent et il devient alors plus aisé de répondre autrement.
L’alliance du yoga et de la sophrologie, c’est cela : prendre le meilleur des deux disciplines et en faire un cocktail aussi raffiné que puissant !
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